COMPAGNIE JEHANE HAMM
 ASSOCIATION DU SCARABEE - GPS 

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Jehane Hamm - Chorégraphie et mise en scène de la compagnie

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Après un parcours scolaire complexe, plus intéressée par dénoncer les injustices sociales que par avoir des bonnes notes, je tombe sur une pédagogue extraordinaire, Joelle Vincent, dans un petit village alsacien, qui me donne envie d’avoir enfin des bonnes notes pour poursuivre jusqu’au Bac et bénéficier de ses enseignements théoriques et pratique. La finesse de ses savoirs allant de techniques somatiques à des connaissances sur l’histoire du corps et du mouvement me passionnent et me nourrissent profondément.

Je retiens de ces enseignements une appétence infinie pour le travail d’expérimentation, le travail du poids et de la gravité, le lâcher prise et la conscience du corps « en train de faire, en laissant faire ».

Nous avions également la chance de créer chaque année un spectacle, pendant les résidences que nous faisions, Joelle nous amenait dans la réflexion, l’observation et le développement du spectacle et du propos. C’est à ce moment la que j’ai eu envie moi aussi de devenir chorégraphe.

Je résonne aujourd’hui encore avec plusieurs découvertes de cette période, notamment cette phrase d’Alwin Nikolais « Motion, not emotion », « mouvement, pas émotion » c’est à dire que le mouvement est premier. 

De la naitra le début de ma recherche, en m’appropriant cette phrase, mon envie est de faire émerger une expression émotionnelle par la mobilité du corps d’abord, pour devenir présence qui se transmets. Le mouvement premier oui, mais pour faire venir l’émotion.

Après l’obtention de mon bac option danse et  grâce à une bourse du Rotary Club je peux commencer des études supérieures en danse à toulouse.

En parallèle de premières expérimentations/performances, je commence à m’intéresser à la transmission et je passe mon DE en contemporain qui m’amène à une envie forte de transmettre - à l’image de mon parcours - la danse comme puissance émancipatrice sociale.

 

Mon univers aujourd’hui s’articule de toutes ces différentes expériences. J’ai un attrait fort pour une forme de « radicalité-sensible », non par effet de mode mais par envie d’aller épuiser un propos, quel est le bout d’un questionnement? Quand sait on qu’on est vraiment aller au fond, qu’on a osé vraiment? Je mets ici l’idée de radicalité en lien avec cette obsession d’aller au bout et avec une appétence pour les contrastes forts / tirés / abruptes. 

Ces contrastes d’espace, de dynamiques de mouvement, émergent grâce à un corps sensible, c’est à dire éveillé sensoriellement à lui même, poreux du monde vibratoire qui l’entoure, dans une mobilité anatomique précise en jouant avec les différents moyens de faire varier le lien à la gravité, que ce soit par différents élans, ou par différentes densités musculaires. Se sentir relier à la gravité, au monde par le corps. 

J’aime également remettre en question le principe de réalité par des réalités discontinues, des sortes de fractures rythmiques, inattendues. 

J’interprète les pièces que je crée en utilisant ce que j’appelle des virages émotionnelles, comme des gouffres émotionnels supports de danses habitées, ces danses s’inspirent la plupart du temps de ma « matière noire », vécus traumatiques devenant matière dansante transcendée dans un besoin d’incarnation, un besoin de se sentir chaire, os, peau, liquides, tous ces systèmes corporels vivants, vibrants. 

Enfin en parallèle de l’artistique je défends une vision de l’artiste responsable du développement et de la sensibilisation de son art. J’active ma responsabilité du coté d’une utopie corporelle : ce corps peut devenir un moyen de déjouer les injustices sociales, familiales, scolaires. Il n’y a pas de destin tout tracé suivant le milieu dans lequel nous serions nés, car ce corps comporte en lui même sa propre puissance libératoire. Il permet un accès à notre imaginaire infini, permettant et autorisant de se rêver et de se projeter ailleurs, jusqu’à en faire une réalité palpable, une danse d’un corps expressif.